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La CEDEAO à 49 ans : réussites de l'intégration régionale, défis émergents

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Kingsley Ighobor

La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a été fondée en 1975 pour promouvoir l'intégration économique dans la région. Quarante-neuf ans plus tard, le bloc régional peut se targuer de succès significatifs en matière d'intégration, de paix et de sécurité et de bonne gouvernance, mais il doit également faire face à certains défis. Le commissaire aux Affaires politiques, à la paix et à la sécurité de la CEDEAO, l'ambassadeur Abdel-Fatau Musah, a participé à un événement de haut niveau au siège des Nations Unies à New York en juin 2024, axé sur l'unité régionale, la paix et la sécurité en Afrique de l'Ouest. Dans une interview accordée à Kingsley Ighobor à l'issue de l'événement, l'ambassadeur Musah, s'exprimant au nom de la CEDEAO, a souligné les réalisations et les défis de l'organisation, ainsi que les efforts en cours pour renforcer l'intégration. Voici des extraits de l'entretien.

introduction de dissertation sur la cedeao

La CEDEAO a été fondée le 28 mai 1975. Quelles sont ses réalisations à ce jour ?

Les réalisations de la CEDEAO au cours des 49 dernières années peuvent être résumées en un point clé : nous sommes passés de la création d'une organisation à la construction d'une communauté.

La CEDEAO a été créée en pleine guerre froide. Le seul domaine dans lequel les gens pouvaient se réunir et trouver un terrain d'entente était l'intégration économique, et non politique ou idéologique. 

Le protocole sur la libre circulation des personnes, des biens et des services (1976) permet aux citoyens de séjourner dans n'importe quel État membre et a été la carte de visite de la CEDEAO au fil des ans. Le fait que les habitants de l'Afrique de l'Ouest n'aient pas à se soucier de l'obtention d'un visa lorsqu'ils traversent les frontières de la région est une réussite majeure.

L'Afrique a connu de nombreux bouleversements après la guerre froide ; sans la CEDEAO, toute la région aurait pu être plongée dans des guerres fratricides. Si vous vous souvenez bien, une guerre a commencé au Liberia vers la fin de 1989 et s'est poursuivie tout au long des années 1990, s'étendant à la Sierra Leone et affectant la Guinée et la Côte d'Ivoire.

La région peut être fière de beaucoup de choses - le fait que la CEDEAO soit devenue une marque de fabrique, un pionnier de l'intégration régionale sur le continent.

La CEDEAO est intervenue par l'intermédiaire de ses forces armées multilatérales, le Groupe de surveillance du cessez-le-feu de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (ECOMOG), qui a stabilisé la situation et a finalement permis un atterrissage en douceur pour les forces de maintien de la paix des Nations unies qui sont arrivées par la suite.

L'intégration économique ?

En ce qui concerne l'intégration économique, nous pouvons parler de nombreuses réalisations. Il ne s'agit pas seulement de la libre circulation des personnes, mais aussi de la création d'un marché commun pour la région. Il s'agit d'aider les pays à développer leurs infrastructures - énergie, connectivité internet et construction de réseaux routiers dans toute la région. Tout cela est en cours. Cependant, tirant les leçons des tristes événements des années 1990 caractérisés par des guerres civiles et l'implosion d'États, la CEDEAO n'a eu d'autre choix que de s'orienter vers les questions de sécurité et de bonne gouvernance.

Aujourd'hui, les valeurs de la démocratie et des droits de l'homme sont profondément ancrées dans la culture ouest-africaine, et la CEDEAO fait partie intégrante de ce processus. L'Afrique de l'Ouest est la seule région d'Afrique qui ne connaît pas de conflit ouvert de haute intensité, malgré les activités des groupes extrémistes violents. 

La région peut être fière de beaucoup de choses - le fait que la CEDEAO soit devenue une marque de fabrique, un pionnier de l'intégration régionale sur le continent. Elle a fourni une grande partie de la base des cadres de l'Union africaine.

La CEDEAO est passée d'un bloc économique à une union économique et politique. Est-ce exact ?

Oui, c'est exact.

Certains membres de la CEDEAO ont fait part de leur intention de se retirer du groupe. Des efforts sont-ils faits pour qu'ils restent ? 

La CEDEAO est une communauté. Nous sommes solidaires. Nous pouvons avoir des défis ou des différences, mais se retirer n'est pas la solution. Les pays qui ont l'intention de se retirer parlent de leurs ambitions panafricaines et d'autres choses, mais la base du panafricanisme est l'intégration.  Étant donné que la désintégration ne favorisera pas le panafricanisme, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour que ces pays restent dans le giron de l'Union.

Cependant, il est important de noter qu'un pays ne peut pas décider un jour de se retirer de la CEDEAO. Il y a des procédures à suivre, conformément à l'article 91 du traité de la CEDEAO. 

Plusieurs engagements diplomatiques sont en cours dans les coulisses pour réunifier le bloc de la CEDEAO. 

Qu'est-ce qui vous permet d'espérer que ces efforts aboutiront ? 

Ce qui nous donne de l'espoir, c'est que la CEDEAO a tenu son sommet extraordinaire en février 2024 et a levé les sanctions sévères contre le Niger, et nous les avons encouragés à revenir au sein de la Communauté. Nous espérons qu'ils comprendront que les avantages d'être ensemble l'emportent largement sur les inconvénients.

En parlant d'avantages, quelles autres incitations offrez-vous à ces pays pour les encourager à maintenir leur adhésion ?

J'ai parlé précédemment de la libre circulation des personnes, des biens et des services au sein de la CEDEAO. Environ 10 millions de citoyens de ces pays sont répartis dans la région. À l'heure où je vous parle, 4,5 millions de Burkinabés vivent dans la seule Côte d'Ivoire. Si ces pays se retirent de la CEDEAO, le statut de leurs citoyens changera radicalement. Ils devront régulariser leur séjour, et ceux qui ne pourront pas le faire devront retourner dans leur pays.

Nous parlons de libéralisation du commerce. Le commerce intra-africain ne représente qu'environ 15 %. Au sein de la CEDEAO, les exportations de ces trois pays vers d'autres parties de l'Afrique de l'Ouest ne dépassent pas 17 %. La CEDEAO reçoit de ces pays des produits carnés, des légumes, etc. Alors qu'ils reçoivent de l'énergie et de nombreux produits manufacturés des autres pays, pratiquement sans droits de douane.

Les valeurs de la démocratie et des droits de l'homme sont profondément ancrées dans la culture ouest-africaine, et la CEDEAO fait partie intégrante de ce processus.

N'oublions pas que les trois pays sont enclavés. Ils auront besoin de débouchés vers la mer, ce qui se fait aujourd'hui dans des conditions très favorables dans le cadre de l'intégration régionale. S'ils se retirent, ils devront trouver d'autres débouchés ou payer des frais de transport et des tarifs plus élevés. Cela demandera beaucoup de temps et de ressources.

Nous parlons également de solidarité communautaire, ce que les gens considèrent comme une évidence. En fait, les trois pays consomment ensemble plus de 52 % des réserves alimentaires stratégiques de la CEDEAO, soit environ 15 000 tonnes de nourriture. Les pays enclavés ou ravagés par des sécheresses cycliques ont besoin de ce soutien. 

Enfin, le moyen le plus efficace de lutter contre l'extrémisme violent est le partage des renseignements et la coopération militaire transfrontalière. S'ils se séparent de nous, comment peuvent-ils lutter efficacement contre les extrémistes violents ? Nous avons besoin qu'ils reviennent dans la famille et j'espère qu'ils reviendront sur leur décision.

Leur retrait pourrait-il avoir des conséquences sur la réputation de la CEDEAO ?

Un retrait ne sera bon ni pour eux ni pour la CEDEAO, car dans la diplomatie internationale d'aujourd'hui, l'union fait la force. Si nous restons 15 Etats membres, notre influence dans la diplomatie internationale sera plus grande. S'ils partent, la CEDEAO sera affaiblie. C'est une chose que nous devons prendre en compte.

N'oubliez pas que la CEDEAO est une organisation de solidarité. Si vous cherchez à obtenir des postes dans des organisations internationales comme les Nations Unies et d'autres, la CEDEAO se réunit et soutient un candidat. Par souci de solidarité, nous soutiendrons ceux qui font partie de la communauté.

Sur le plan diplomatique, sécuritaire et politique, c'est donc mauvais pour les deux parties. Mais tout compte fait, ce n'est pas du tout en leur faveur.

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L’Integration Economique Entre Les Pays De La Cedeao : A L’Heure D’Une Monnaie Unique Economic Integration Between the Ecwas States: At the Time of a Single Currency

Profile image of Mhammed Echkoundi

2019, Finance & finance internationale

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Center for European Integration Studies , Rike Sohn

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Kenneth BADET

Mhammed Echkoundi

Since the early 2000s, intra-African FDI has been accelerating exponentially. Similarly, the scale of these investments is linked to higher commodity prices and improved economic conditions in major African investor countries. Aware of the extent of international competitiveness in a world that is substantially globalizing and of the importance of foreign direct investment in economic development, Morocco has embarked on a process of conquest and structural, institutional and regulatory reforms in the context of financial and trade liberalization and the promotion of its operators and their internationalization with a view to crating more wealth. This paper would be devoted to examining the flows of Moroccan FDI into Africa as part of Morocco's African policy in its financial and commercial economic dimension, this too is intended to remind the peculiarity of Africa in as a global strategic issue and the weight it holds in Morocco's foreign policy priorities.

GAMMADIGBE Vigninou

Cette étude analyse, dans une perspective dynamique, la pertinence de l'hétérogénéité des chocs et l'asymétrie des cycles en tant qu'obstacles économiques à la monnaie unique de la CEDEAO. L'étude couvre en plus de la CEDEAO, la ZMAO et trois unions monétaires (UEME, UEMOA et la CEMAC) en vue d'effectuer une analyse comparative. Les résultats de nos estimations à partir de la méthode des variables instrumentales (VI) en panel sont riches d'enseignements. D'une part, ils ont mis en lumière le phénomène d'endogénéité à la Frankel et Rose dans la CEDEAO, l'UEMOA et l'UEME. D'autre part, nos résultats montrent que contrairement à la zone UEME, il n'y a aucune évidence de convergence cyclique dans la CEDEAO après trente-cinq (35) années de libre-échange et dans l'UEMOA et la CEMAC après cinquante (50) années de monnaie unique. Les cycles semblent diverger dans la ZMAO. Dès lors, les hypothèses d'optimalité progressive et d'endogénéité des critères d'une ZMO ne sont pas soutenables ex-ante pour la CEDEAO et la ZMAO. Ces résultats donnent lieu à des recommandations de politique économique. Par ailleurs, franchissant les limites actuelles de l'analyse de l'endogénéité des ZMO, l'étude démontre que la seule relation positive entre la symétrie des cycles et l'intensité commerciale n'est pas suffisante pour soutenir l'hypothèse d'endogénéité des ZMO. Une convergence cyclique ex-ante en plus de cette relation positive rendrait la thèse d'endogénéité plus vraisemblable.

Dirk Kohnert

ABSTRACT & RÉSUMÉ & ZUSAMMENFASSUNG: Abstract: Francophone Africa has been dominated to date by the political, economic and cultural repercussions of France’s colonial rule. A major instrument to assert France's interests was the upkeep of a common monetary policy and currency, the CFA Franc. Although this has been increasingly resented by African politicians and economists, who wanted to replace it by a West African currency (the ‘Eco’) the CFA still prevails, due to the social network of French and African political leaders, the ‘messieurs Afrique’ who benefit from the system. Controversial international discussion concentrates on questions of sovereignty and formal political and economic questions. However, the rules of the informal sector proved to be at least as crucial in structuring the CFA-zone as the institutions and policies of the formal economic sector, including its monetary institutions. For decades, for example, prices of French imports were overpriced, due to protection by tied aid and other political and cultural non-tariff barriers to trade. The cost of this rent-seeking was carried not only by the French Treasury, who guarantees the peg, but by the French and EU taxpayers, who financed budgetary bail-outs and development aid, and last, but not least, by the poorer African member countries and social strata. Although this applies strictly speaking only to the CFA zone, there are strong indicators that things haven't changed much since then for Francophone Africa in general. The repercussions of rent-seeking in Francophone Africat impact up to date negatively on economic performance. For example, growth levels have been significantly lower since two decades compared with Anglophone competitors. ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- RÉSUMÉ : L'Afrique francophone a été dominée jusqu'à présent par les répercussions politiques, économiques et culturelles de la domination coloniale française. Contrairement à la domination coloniale « indirecte » de la Grande-Bretagne, Paris gouvernait ses (anciennes) colonies de manière plutôt autocratique, classiquement qualifiée de « pouvoir directe ». Un instrument majeur pour affirmer les intérêts de la France était le maintien d'une monnaie commune, le franc CFA. Bien que cela ait été de plus en plus ressenti par les politiciens et les économistes africains, qui voulaient le remplacer par une monnaie commune ouest-africaine (l' « Eco »), le CFA prévaut toujours. La discussion internationale controversée s'est concentrée sur les questions de souveraineté et les questions politiques et économiques formelles. Cependant, les règles du secteur informel ont été au moins aussi cruciales dans la structuration de la zone CFA que les institutions et les politiques du secteur économique formel, y compris ses institutions monétaires. Pendant des décennies, par exemple, les prix des importations françaises ont été surévalués, en raison de la protection par l'aide liée et d'autres obstacles politiques et culturels non-tarifaires au commerce. Le coût de cette recherche de rente a été supporté non seulement par le Trésor français, qui garantit le rattachement, mais aussi par les contribuables français et européens, qui ont financé les renflouements budgétaires et l'aide au développement, et enfin, mais non des moindres, par le membre le plus pauvre pays et couches sociales africaines. Bien que cela ne s'applique à proprement parler qu'à la zone CFA, il existe de forts indicateurs que les choses n'ont pas beaucoup changé depuis cette époque pour l'Afrique francophone en général. Les répercussions de la recherche de rente en Afrique francophone ont à ce jour un impact négatif sur les performances économiques. Par exemple, les niveaux de croissance sont nettement inférieurs depuis deux décennies par rapport aux concurrents anglophones. --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- ZUSAMMENFASSUNG: Das frankophone Afrika war bisher von den politischen, wirtschaftlichen und kulturellen Auswirkungen der französischen Kolonialherrschaft geprägt. Im Gegensatz zur „indirekten“ Kolonialherrschaft Großbritanniens regierte Paris seine (ehemaligen) Kolonien eher autokratisch, was klassischerweise als „direkte Herrschaft“ bezeichnet wird. Ein wichtiges Instrument zur Durchsetzung der Interessen Frankreichs war die Beibehaltung einer gemeinsamen Währung, des CFA-Franc. Obwohl diese zunehmend von afrikanischen Politikern und Ökonomen abgelehnt wurde, die sie durch eine gemeinsame westafrikanische Währung (das „Eco“) ersetzen wollten, dominiert der CFA immer noch. Die kontroverse internationale Diskussion zum Thema konzentrierte sich bisher auf Fragen der Souveränität und formale politische und wirtschaftliche Fragen. Allerdings erwiesen sich die Regeln des informellen Sektors bei der Strukturierung der CFA-Zone als mindestens genauso entscheidend wie die Institutionen und Richtlinien des formellen Wirtschaftssektors, einschließlich seiner Währungsinstitutionen. Beispielsweise waren die französischen Importpreise über Jahrzehnte aufgrund von Preisbindungen und anderer politischer und kultureller nicht-tarifärer Handelshemmnisse überbewertet. Die Kosten dieses ‚Rentier-Kapitalismus‘ wurden nicht nur vom französischen Finanzministerium getragen, das die Bindung garantierte, sondern auch von französischen und europäischen Steuerzahlern, die Haushaltssanierung und Entwicklungshilfe finanzierten, und nicht zuletzt von den Ärmsten afrikanischen Mitgliedsländern und Gesellschaftsschichten. Obwohl dies streng genommen nur für die CFA-Zone gilt, gibt es starke Indikatoren dafür, dass sich seit dieser Zeit für das frankophone Afrika im Allgemeinen nicht viel geändert hat. Der Renten-Kapitalismus im frankophonen Afrika wirkt sich bis heute negativ auf die Wirtschaftsleistung aus. Beispielsweise sind die Wachstumsraten seit zwei Jahrzehnten im Vergleich zu anglophonen Wettbewerbern deutlich geringer.

Bassey Oben

Andras Turke

Europa Varietas Institute, 2018. Ce livre est la base de mes cours dans le cadre de Master Spécialité en développement Europe-Afrique au CUF (Centre universitaire francophone à l`Université de Szeged) + Université Senghor d`Alexandrie (Egypte)

Mehdi Guennouni

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Forces et faiblesses de la CEDEAO en 2021

Publications / policy paper.

introduction de dissertation sur la cedeao

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Cette étude concerne la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), rappelant, tout d'abord, leur diversité géographique, démographique et économique. Montrant ce que ces Etats ont en commun mais, aussi, ce qui les différencie. La CEDEAO, qui réunit quinze pays parmi les plus pauvres de la planète, si on se réfère à leur PIB par habitant, en dollar courant ou en parité de pouvoir d'achat/PPA/. Ce qui explique une démographie explosive, sans que l'on puisse dire si elle en est la cause ou la conséquence, éternel débat. D'où un premier constat, celui d'engager une véritable révolution démographique, dans les meilleurs délais, si on veut que cette population qui va doubler d'ici 2050, ne double pas encore entre 2050 et 2100. Urgence d'agir, si on veut que ne soient pas vains les efforts engagés, avec succès depuis 2000, dans le domaine économique, avec un taux de croissance de plus de 4% en moyenne, entre 2000 et 2019.

Cette Communauté bénéficie de ressources naturelles, diverses et abondantes, souvent non exploitées ou sous-exploitées. Cette étude montre que deux périodes sont à distinguer : celle de 2000-2009, pendant laquelle le géant africain nigérien ainsi que le Ghana tirent la croissance de la Communauté vers le haut. Celle, ensuite, de 2010-2019, où les difficultés d'une économie nigérienne avec une croissance moyenne de moins de 1%, sur la période, ne vont pas empêcher la croissance de la CEDEAO de dépasser celle de la période précédente sous l'impulsion de la Côte d'Ivoire, dont c'est le grand retour, du Ghana, qui confirme, et de la Guinée.

Dernière décennie, celle de 2021-2030, pour des raisons liées à la Covid-19 nous n'avons pas pris en compte l'année 2020. Cette décennie est celle de l'espoir. Ceci pour les raisons suivantes :

• les difficultés économiques du Nigeria ne peuvent perdurer, même si le retour à une croissance de 4-5 % peut prendre du temps. Et en se redressant, l'économie nigérienne ne peut que conforter les résultats très encourageants de la période 2010-2019 ;

• le recentrage du Groupe OCP sur le continent est une opportunité pour la CEDEAO d'améliorer rapidement la valorisation de son agriculture. Même constat dans le domaine de l'énergie, avec la réalisation des premières tranches du Gazoduc entre le Maroc et le Nigeria ;

• un premier bilan de l’action de l'« Alliance Sahel » entre 2017 et 2019 montre des résultats particulièrement encourageants pour le Burkina Faso, le Mali et le Niger.

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Africa Asia Americas and Carribean Atlantic Europe MENA Pacific and Oceania

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  • 8. L’UEMOA et la CEDEAO : intégration...

introduction de dissertation sur la cedeao

  • 8. L’UEMOA et la CEDEAO : intégration à géométrie variable ou fusion ? [*]
  • Suivre cet auteur Adrien Akanni-Honvo , Avec la collaboration de Suivre cet auteur Naïma Pagès
  • Dans Les économies en développement à l'heure de la régionalisation (2003) , pages 239 à 270

Sur un sujet proche

L’accélération des dispositions institutionnelles ces dernières années au sein de l’UEMOA et la réactivation de la CEDEAO s’inscrivent dans un jeu concurrentiel (parfois coopératif) dont le but semble être la recherche d’une crédibilité institutionnelle. Dans ce renouveau du régionalisme s’opposent au moins deux conceptions de l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest (Berg, 1993). L’une met l’accent sur l’intégration entre les pays africains (coopération Sud-Sud) en s’appuyant sur le caractère artificiel des frontières et sur l’importance des échanges commerciaux informels. Elle fait de la CEDEAO le cadre idéal et naturel de l’intégration dans la région. L’autre soutien une coopération institutionnelle avec la participation d’un partenaire extérieur à l’Afrique. Cette dernière approche, portée par la France et ses partenaires africains de la zone franc, considère l’UEMOA comme l’espace géographique optimal de la coopération institutionnelle en Afrique de l’Ouest. Ce d’autant que les États membres se caractérisent par une certaine homogénéité administrative, culturelle et linguistique. La viabilité de cette coopération serait justifiée par le nombre restreint de pays membres partageant la même histoire. De plus, la participation de la France aux institutions de l’UEMOA est considérée comme un facteur de crédibilité de la coopération institutionnelle (monétaire, financière, juridique ou culturelle). Face à ces deux approches, plusieurs remarques peuvent être avancées. Le principe de fonder l’intégration des économies sur le développement des échanges informels est discutable (Coussy et Hugon, 1992), d’autant que pour essentiel ceux-ci portent sur des produits importés de l’extérieur de la région…

  • Institutions et mécanismes d’intégration dans les deux zones
  • Les institutions
  • Mécanismes institutionnels
  • Convergences et divergences des dispositions d’intégration par le marché
  • Les obstacles liés à l’application des dispositions réglementaires dans les espaces UEMOA et CEDEAO
  • Les barrières non tarifaires et la circulation des biens
  • La sensibilisation insuffisante des populations et des opérateurs économiques
  • Les conséquences macroéconomiques des expériences de l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest
  • TEC-UEMOA, chevauchements des espaces et poids du Nigeria
  • Le commerce informel et l’illusion de la protection douanière de l’UEMOA dans la région
  • Les effets de dilution des préférences en situation d’informations imparfaites
  • Les accords commerciaux ne favorisent pas la convergence structurelle des économies
  • Les accords commerciaux n’ont pas empêché l’amplification des disparités de revenus
  • La faiblesse des vitesses de convergence réelle intra-zones et des effets inter-zones positifs
  • La nécessité de la coopération sectorielle dans le processus d’intégration en Afrique de l’Ouest
  • L’UEMOA et la CEDEAO : quel espace géographique optimal pour l’intégration régionale ?

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  • 24. Effets d’agglomération et développement régional en Afrique de l’Ouest
  • Une analyse comparative Mali-Côte d’Ivoire
  • Avec Naïma Pagès
  • Dans Mali - France
  • Karthala, 2005

Citer ce chapitre Français

ISO 690 FR AKANNI-HONVO Adrien, « 8. L’UEMOA et la CEDEAO : intégration à géométrie variable ou fusion ? », dans : Philippe Hugon éd., Paris, Karthala, « Hommes et sociétés », 2003, p. 239-270. DOI : 10.3917/kart.hugon.2003.01.0239. URL : https://www.cairn.info/les-economies-en-developpement-a-l-heure--9782845862517-page-239.htm
MLA FR Akanni-Honvo, Adrien. « 8. L’UEMOA et la CEDEAO : intégration à géométrie variable ou fusion ? », Philippe Hugon éd., Karthala, 2003, pp. 239-270.
APA FR Akanni-Honvo, A. (2003). 8. L’UEMOA et la CEDEAO : intégration à géométrie variable ou fusion ?. Dans : Philippe Hugon éd., (pp. 239-270). Paris: Karthala.

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La CEDEAO et les coups d’État en Afrique de l’Ouest : quel cadre juridique pour quelles actions préventives ?

Par Djifa Agbezoukin, chargé de mission au sein du département Afrique subsaharienne de l'Institut d'études de géopolitique appliquée

Avertissement

Les propos exprimés n'engagent que la responsabilité de l'auteur. Le texte a servi de support lors d'une communication orale par l'auteur le 23 février 2022 à l'occasion d'une conférence organisée par l'IEGA.

Comment citer cette publication

Djifa Agbezoukin, La CEDEAO et les coups d'État en Afrique de l'Ouest : quel cadre juridique pour quelles actions préventives ? , Institut d'études de géopolitique appliquée, 16 juin 2022

introduction de dissertation sur la cedeao

Un coup d'État est la prise du pouvoir dans un Etat par une minorité grâce à des moyens non constitutionnels, imposée par surprise et utilisant la force. C'est une « tentative réussie ou non de conquête du pouvoir politique de nature inconstitutionnelle ou illégale, fondée sur l'usage de la force (...) ou de la menace de la force [1] ». Il s'agit d'un renversement du pouvoir par une personne investie d'une autorité (un militaire), de façon illégale et souvent brutale. On le distingue d'une révolution en ce que celle-ci est populaire.

Un coup d'État ou un putsch est caractérisé par le secret de la préparation et se manifeste à travers la conquête ou la neutralisation des organes centraux de l'État et des moyens de communication, l'arrestation des gouvernants et la suspension de la constitution.

Les coups d'État ne sont qu'un exemple parmi les changements anticonstitutionnels de gouvernement. L'article 23 de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance indique ainsi que l'utilisation de certains moyens pour accéder ou se maintenir au pouvoir constitue un changement anticonstitutionnel de gouvernement. Il s'agit :

  • d'un putsch ou coup d'État contre un gouvernement démocratiquement élu,
  • de toute intervention de mercenaires pour renverser un gouvernement démocratiquement élu,
  • de toute intervention de groupes dissidents armés ou de mouvements rebelles pour renverser un gouvernement démocratiquement élu,
  • de tout refus par un gouvernement en place de remettre le pouvoir au parti ou au candidat vainqueur à l'issue d'élections libres, justes et régulières,
  • de tout amendement ou toute révision des constitutions ou des instruments juridiques qui porte atteinte aux principes de l'alternance démocratique.

Historiques et chiffres clés sur les coups d' É tat

Le premier coup d'État du début des années des indépendances a eu lieu en Afrique de l'Ouest, au Togo le 13 janvier 1963. Le premier président du Togo, Sylvanus Olympio, a en effet été assassiné par un groupe de vétérans de l'armée française ayant combattu en Indochine et en Algérie. Ces derniers voulaient intégrer la force de sécurité du jeune État togolais. Le président assassiné sera remplacé par Nicolas Grunisky, un civil qui sera à son tour renversé le 13 janvier 1967 par Kleber Dadjo, un militaire. Ce dernier a gouverné le Togo pendant seulement trois mois, du 14 janvier 1967 au 14 mai 1967, puisqu'il sera lui-même renversé par le sergent Gnassingbé Eyadema qui gouverna le Togo de 1967 jusqu'à sa mort en 2005.

Le Bénin a connu la même situation. En raison de conflit ethnique entre les populations du sud et du nord et le marasme économique de l'époque, le colonel Christophe Soglo avait forcé Hubert Maga, premier président de la république du Dahomey [2] indépendant à démissionner en 1963. En six ans, on enregistra quatre coups d'État et régimes militaires, venant abréger d'éphémères périodes civiles.

Jusqu'en 2011, on dénombre plus de 200 coups et tentatives de coups d'État en Afrique avec plus de 50% de réussite, soit plus de 100 coups réussis selon une étude de Jonathan M. Powell & Clayton L. Thyne, deux chercheurs du département de sciences politiques de l'Université de Kentucky aux États-Unis [3].

Il est toutefois difficile d'avoir un chiffre exact des coups d'État dans l'espace de la Cedeao, faute d'études détaillées sur le sujet. On peut néanmoins en dénombrer une trentaine depuis les indépendances et depuis quelques années le phénomène s'amplifie dans la sous-région. Les cas du Mali, de la Guinée et du Burkina-Faso confirment cette résurgence des putschs dans l'espace de la Cedeao.

Pourquoi les coups d'État et les autres changements anticonstitutionnels de gouvernement semblent prospérer en Afrique de l'Ouest ?

Les causes des coups d' É tat

Les coups d'État semblent prospérer de plus en plus dans la sous-région ouest-africaine et cela peut s'expliquer par diverses raisons. « Un coup d'État ou un putsch survient dans une société lorsque les institutions sont en crise ou en difficulté et qu'elles semblent incapables de définir des solutions consensuelles. Cette situation peut également provenir d'une armée trop puissante, capable de s'imposer aux autorités civiles et de court-circuiter les processus décisionnels constitutionnels. [4]»

La première cause de la recrudescence des coups d'État en Afrique de l'Ouest est sans doute liée à la carence de démocratie dans l'espace communautaire. La démocratie et l'alternance peinent à s'imposer comme règle du jeu politique [5] dans l'espace ouest-africain. On note fréquemment une absence de consensus autour des questions de gouvernance, d'organisation des élections qui débouchent très souvent sur des crises politiques aux conséquences dévastatrices pour l'économie des pays.

Outre la question de la démocratie, celle de la gestion des biens publics constitue le plus souvent un point de crispation entre les gouvernants, partis politiques d'opposition et acteurs de la société civile. La mauvaise gestion des biens publics a pour corolaire l'absence de perspectives d'avenir pour la jeunesse désœuvrée. Avec une population à majorité jeune, il y a un réel désir de changement dans les pays de l'Afrique de l'Ouest. Face à des dirigeants peu enclins à écouter les besoins de la population, « le putsch devient alors comme arbitre institutionnel du jeu politique où les acteurs ne veulent ni attendre leur tour ni passer la main [6] ». D'ailleurs, dans la région, « certains [coups d'État] ont été opportuns. Les exemples du Ghana sous Jerry Rawlings ou d'un Mali réinventé sous Amadou Toumani Touré sont forts révélateurs [7] ».

Plus récemment, face à la montée du djihadisme dans la sous-région, la question sécuritaire a fait son entrée dans la liste des causes des coups d'État dans l'espace ouest-africain. Les exemples du Mali et du Burkina-Faso sont assez évocateurs. Il y a un lien entre la montée de djihadisme et la gouvernance des pays. Il y a ce constat amer de l'échec des politiques à favoriser l'enracinement de l'État-nation où tous les citoyens se sentent unis par un lien fort d'appartenance et un destin commun. Les sectes djihadistes trouvent alors des terreaux fertiles auprès des communautés qui se sentent mises aux bans de la société et oubliées par les pouvoir publics.

Les coups d'État nuisent sans aucun doute à la stabilité de la région et impactent négativement les échanges commerciaux entre les pays. Par exemple, une crise au Mali aura immédiatement des conséquences directes sur l'approvisionnement du Sénégal en produits laitiers et viandes bovines. On attend donc de la Cedeao, dont l'objectif est d'œuvrer pour contribuer au développement des États membres, qu'elle anticipe et qu'elle prenne des mesures appropriées pour prévenir les putschs plutôt que de se manifester quand il est déjà trop tard. Face à cette attente, il convient alors de voir si la Cedeao a les moyens juridiques et statutaires pour jouer le rôle de « gardien de la démocratie » dans la sous-région.

Analyse critique des instruments juridiques de prévention et de réaction contre les coups d' É tat

  • Le traité de la Cedeao de 1993

La première base juridique de toute action de la Cedeao est le traité révisé de 1993, notamment son article 3 qui énumère les objectifs fondamentaux de l'organisation. Il s'agit, entre autres, de promouvoir la coopération et l'intégration pour parvenir à une union économique en vue d'élever le niveau de vie des populations, harmoniser et coordonner les politiques nationales, programmes, projets et activités dans le domaine agricole, l'industrie, etc. Outre les objectifs fixés par l'article 3, la communauté entend aussi développer une coopération dans les affaires politiques (art. 56), en matière juridique et judiciaires (art. 57) et en matière de sécurité (art. 58).

La démocratie et la stabilité ne sont pas des objectifs au sens du traité de la Cedeao. Ces deux notions sont plutôt inscrites dans les principes fondamentaux de l'organisation. Cela suppose que la stabilité et la démocratie sont des préalables qui devraient être respectés par les États membres. D'ailleurs l'article 58 du traité stipule que « les États membres s'engagent à œuvrer à la préservation et au renforcement des relations propices au maintien de la paix, de la stabilité et de la sécurité dans la région » . Il est prévu également de mettre en place un observatoire régional de paix et de sécurité et le cas échéant des forces de maintien de la paix.

La stabilité et la démocratie sont donc des conditions, des prérequis permettant d'atteindre les objectifs. L'article 4 du traité de 1993 établit ainsi la promotion et la consolidation d'un système démocratique de gouvernement dans chaque État membre comme principe de base de la communauté. Toute action d'un État qui serait aux antipodes des principes démocratiques devraient donc en principe entrainer une réaction de la part de la Cedeao.

  • Le protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité du 10 décembre 1999

Le deuxième instrument juridique pouvant permettre à la Cedeao d'agir et de réagir en matière de trouble pouvant déboucher sur un changement anticonstitutionnel de gouvernement est le protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité signé le 10 décembre 1999 à Lomé. Il prévoit dans ses objectifs la constitution et le déploiement, chaque fois que de besoin, d'une force civile et militaire pour maintenir ou rétablir la paix dans la sous-région. Il prévoit également la création d'un conseil de médiation et de sécurité qui regroupe l'ensemble des chefs d'État. Ce conseil décide et met en œuvre les politiques de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité ; autorise toutes les formes d'intervention et décide notamment du déploiement des missions politiques et militaires.

Le protocole prévoit également que le conseil de médiation et de sécurité peut se tenir sous forme de réunions au niveau ministériel regroupant les ministres des Affaires étrangères, de la Défense, de l'Intérieur et de la Sécurité. Il est par ailleurs prévu la possibilité de mobiliser un Groupe de contrôle du cessez-le-feu de la CEDEAO (ECOMOG) qui est une structure composée de plusieurs modules polyvalents (civils et militaires) en attente dans leurs pays d'origine et prêts à être déployés dans les meilleurs délais. L'ECOMOG peut être déployé pour des opérations de maintien de la paix et de désarmement. Il est créé aussi un système d'observation de la paix et de la sécurité sous-régionale appelé pré alerte ou « le Système » (anticipation). Des bureaux de zones rassemblent les données collectées dans chaque État et au jour le jour, sur la base d'indicateurs susceptibles d'affecter la paix et la sécurité de la zone et de la sous-région (articles 23 et 24 du protocole). Le mécanisme est mis en œuvre entres autres dans les cas de conflits internes qui menacent de déclencher un désastre humanitaire et constituent une menace grave à la paix et à la sécurité dans la sous-région ; en cas de violations graves et massives des droits de l'Homme ou de remise en cause de l'État de droit ; en cas de renversement ou de tentative de renversement d'un gouvernement démocratiquement élu.

L'article 42 du protocole renforce la capacité institutionnelle de la Cedeao pour la consolidation de la paix. Ainsi, pour prévenir à temps les troubles sociaux et politiques, elle doit s'impliquer dans la préparation, l'organisation et la supervision des élections programmées dans les États membres. La Cedeao doit également suivre et s'impliquer activement dans le soutien à la mise en place d'institutions démocratiques dans les États membres. Surtout, elle doit tout mettre en œuvre pour aider les États membres sortant de situation de conflits à augmenter leurs capacités de reconstruction sociale, économique et culturelle.

  • Protocole A/SP1/12/01 sur la démocratie et la bonne gouvernance, additionnel au protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité

Ce protocole additionnel a été signé à la suite du constat que l'intolérance religieuse, la marginalisation politique et la non-transparence du processus électoral dans les États membres engendrent de plus en plus de conflits. Ainsi, pour que le protocole du 10 décembre 1999 soit plus efficace, il faut qu'il soit complété notamment dans le domaine de la prévention des crises intérieures, de la démocratie, de la bonne gouvernance, de l'État de droit et des droits de la personne. Ce protocole additionnel se veut plus explicite sur les sujets relatifs aux changements anticonstitutionnels de gouvernements. La section 1 intitulée « principes de convergence constitutionnelle » indique entre autres que toute accession au pouvoir doit se faire à travers des élections libres, honnêtes, et transparentes ; tout changement anticonstitutionnel est interdit de même que tout mode non démocratique d'accession ou de maintien au pouvoir ; l'armée est apolitique et soumise à l'autorité politique régulièrement établie ; tout militaire en activité ne peut prétendre à un mandat politique électif.

  • La Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance du 30 janvier 2007 

La signature de cette charte confirme une prise de conscience des préoccupations liées aux changements anticonstitutionnels de gouvernement qui constituent l'une des causes essentielles d'insécurité, d'instabilité, de crises et même de violents affrontements en Afrique. Entre autres objectifs, la charte veut promouvoir et renforcer l'adhésion au principe de l'État de droit fondé sur le respect et la suprématie de la constitution et de l'ordre constitutionnel dans l'organisation politique des États parties. Elle a aussi pour but d'interdire, rejeter et condamner tout changement anticonstitutionnel de gouvernement dans tout État membre comme étant une menace grave à la stabilité, à la paix, à la sécurité et au développement [8].

Cette charte exige des États parties de renforcer le principe de la suprématie de la constitution dans leur organisation politique. Elles doivent s'assurer que le processus d'amendement ou de révision de leur constitution repose sur un consensus national comportant, le cas échéant, le recours au référendum [9].

La région ouest-africaine semble être dotée des instruments juridiques et institutionnels nécessaires pouvant permettre d'éviter les situations qui conduisent aux coups d'État. Or malgré ces instruments, force est de constater que la Cedeao ne parvient toujours pas à anticiper et prévenir les coups d'État dans l'espace ouest-africain. On peut alors se demander si les instruments juridiques sont bien appliqués et adaptés.

Les insuffisances des instruments juridiques et les pistes d'amélioration pour des actions préventives

L'une des causes de l'inefficacité des instruments résulte de la non application de ces derniers et d'une certaine complaisance des institutions régionales vis-à-vis des gouvernements des États membres lorsque ces derniers se rendent coupables de comportements contraires aux principes de la communauté. Il est important de souligner que les coups d'État militaires sont des conséquences de certaines situations attentatoires à la démocratie, à la bonne gouvernance et la sécurité qui sont mal gérées en amont. Par exemple, l'article 1 du protocole A/SP1/12/01 sur la démocratie et la bonne gouvernance dispose que toute accession au pouvoir doit se faire à travers des élections libres, honnêtes et transparentes. Tout changement anticonstitutionnel est interdit de même que tout mode non démocratique d'accession ou de maintien au pouvoir. Or, les processus électoraux dans certains pays de la Cedeao manquent de transparence et débouchent souvent sur des crises politiques. La première cause des conflits politiques en Afrique de l'Ouest est liée aux contentieux électoraux. La modification non consensuelle des constitutions pour briguer un autre mandat contre la volonté du peuple devient récurrente et n'a jamais fait l'objet de sanction de la part de la Cedeao. Cela s'est produit en Côte d'Ivoire et en Guinée sans que la Cedeao n'ait réagi. On ne peut se maintenir au pouvoir contre la volonté de ceux qu'on veut diriger. Le contrat social qui devrait être à la base des rapports entre les gouvernants et les gouvernés se trouvera ainsi rompu et on se dirige tout droit vers le totalitarisme. Bien que la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance dispose que le processus d'amendement ou de révision des constitutions doit reposer sur un consensus national comportant, le cas échéant, le recours à un référendum, cela n'est souvent pas le cas. Le cas de l'adoption de la nouvelle constitution en Guinée par Alpha Condé est un exemple instructif. Ce projet, très contesté par l'opposition a entrainé de nombreuses manifestations dans le pays qui ont été violemment réprimées entrainant la mort de plusieurs manifestants, violant ainsi l'article 22 du protocole additionnel qui interdit l'usage des armes pour la dispersion de réunions ou de manifestations non violentes.

C'est à ce moment que la Cedeao devrait agir et rappeler le président Alpha Condé à l'ordre. Malheureusement, cela ne fût pas le cas et les conséquences sont importantes. Il y a eu de multiples cas de répression de manifestations dans la sous-région entrainant la mort de manifestants et cela n'a jamais été condamné fermement par les institutions régionales. Si la Cedeao s'était montrée ferme concernant le respect de cette règle, le coup d'État en république de Guinée qui a porté le colonel Doumbouya à la tête de l'État aurait pu être évité. Pour prévenir les coups d'État militaires, il faut s'attaquer à la source du problème ; les putschs n'étant que la réaction à une situation mal ou non gérée au moment opportun. La Cedeao a manqué des occasions de mettre en application l'article 45 du protocole additionnel qui prévoit qu'en cas de rupture de la démocratie par quelque procédé que ce soit et en cas de violation massive des droits de la personne dans un État membre, l'organisation peut prononcer à l'encontre de l'État concerné des sanctions.

La non application des textes et l'inaction de la Cedeao devant les situations de crise dans les États membre est assez symptomatique du niveau d'intégration de la communauté et du degré de solidarité entre les États. Selon l'article 24 du protocole additionnel : « (...) le Département des affaires politiques, de la défense et de la sécurité (...) devra initier des activités communes aux agences nationales des Etats membres chargées de prévenir et de combattre le terrorisme. » Le Mali, le Burkina Faso, le Niger et même le Nigéria sont régulièrement la cible d'attaques djihadistes. On n'a pas vu d'initiative de la Cedeao pour venir en aide à ces pays dans leur lutte contre le terrorisme. Les coups d'État au Mali et au Burkina sont justifiés par les putschistes par la dégradation de la situation sécuritaire. En étant proactive, la Cedeao pouvait mobiliser la force Ecomog pour soutenir les gouvernements malien et burkinabé pour venir à bout des djihadistes qui sévissent sur leur territoire. Cela nécessite bien évidemment des moyens financiers.

Jusqu'à ce jour, la Cedeao réagit toujours tardivement alors qu'il y a bien moyen d'agir en amont pour prévenir ces situations qui mettent à mal la stabilité de la région.

Pour réussir à appliquer efficacement les textes, des réformes institutionnelles sont indispensables au niveau de la Cedeao. Il faut en effet réduire la prééminence du conseil des chefs d'État et de gouvernement et renforcer les prérogatives de la commission qui fonctionne encore aujourd'hui comme un secrétariat chargé d'appliquer les directives reçues des chefs d'État. L'expérience a montré jusqu'ici que le conseil des chefs d'État et de gouvernement manifeste une forme de complaisance coupable vis-à-vis des dirigeants, même ceux qui adoptent des comportements anti-démocratiques dans leur pays. La commission serait mieux placée pour jouer le gardien de la paix et de la démocratie dans la région. Elle pourra ainsi être dotée d'une cellule spéciale chargée de surveiller l'état de la démocratie dans les pays membres et faire des recommandations. Outre la commission, le parlement régional doit également s'impliquer davantage dans les questions liées à la démocratie dans les États membres. Pour cela, ses prérogatives doivent également être renforcées. Tout ceci dépendra encore une fois de la volonté du conseil des chefs d'État et de gouvernement de procéder à des réformes afin de renforcer l'institution qui est en perte d'intérêt aux yeux de la population.

Au niveau interne des États, des efforts doivent également être réalisés pour renforcer les mécanismes démocratiques de pouvoirs et contre-pouvoirs. La subordination du législatif et du judiciaire au pouvoir exécutif empêche l'éclosion d'une réelle démocratie dans les États ouest-africains. La Cedeao doit œuvrer pour une réelle séparation des pouvoirs dans les États afin de favoriser un jeu politique et démocratique de contrôle et d'alerte de l'exécutif par les pouvoirs législatif et judiciaire. L'absence de réels mécanismes politiques de contrôle des gouvernements, telle qu'une mise en cause de leur responsabilité en cas de problème grave, laisse le putsch comme seul recours pour réguler le jeu politique. L'Afrique d'une manière générale doit se réinventer et s'approprier les pratiques politiques et démocratiques héritées des pays européens pour les adapter à sa réalité. Il faut réduire le mimétisme institutionnel et politique et se montrer pragmatique afin d'adopter des règles qui répondent aux réalités africaines.

[1] Voir : https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMDictionnaire?iddictionnaire=1484

[2] La république de Bénin s'appelait la république du Dahomey indépendant.

[3] Global instances of coups from 1950 to 2010: A new dataset , Journal of Peace Research, août 2011.

[4] Voir : https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMDictionnaire?iddictionnaire=1484

[5] Alexe Kitio Kenfack, « L'illusion de la « putsch-thérapie » en Afrique », https://www.academia.edu/38656077/Titre_LAfrique_et_les_coups_d%C3%A9tat_ou_lillusion_de_la_putsch-th%C3%A9rapie

[8] Voir article 2 de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance.

[9] Voir article 10 de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance.

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La CEDEAO, un bastion de l’intégration régionale en Afrique de l'ouest aujourd'hui fortement contesté

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Traductions

introduction de dissertation sur la cedeao

Carte de la CEDEAO, capture d'écran de la chaine YouTube de France 24

En Afrique de l'ouest, une institution intergouvernementale joue depuis 1975 un rôle majeur dans l’intégration de la région: la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO, appellée ECOWAS en anglais). Mais après près d'un demi-siècle d'existence, elle fait face à une vive contestation de certains de ses membres.

Au départ, deux présidents Yakubu Gowon (président du Nigeria entre 1966-1975) et Gnassingbé Eyadéma (président du Togo entre 1967-2005) évoquent en 1972 l'idée d'une zone d'intégration économique régionale.

Puis, le 28 mai 1975, l'institution est créée à Lagos lors de la signature du Traité de la CEDEAO par quinze pays fondateurs qui incluent le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Liberia, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, la Sierra Leone, le Sénégal et le Togo qui représentent plus de 300 millions d'habitants. Le Cap Vert rejoint l'institution régionale en 1977; et en décembre 2000, la Mauritanie se retire de l'organisation  avant de revenir en 2017 en tant que membre associé.

L'organisation a son siège à Abuja , capitale du Nigeria et dispose de trois langues officielles comme langues de travail: le français, l'anglais et le portugais.

Une organisation purement économique à la base

Dès sa création, l'ambition de l'organisation est de mettre en place une union capable de favoriser les échanges économiques des États membres pour améliorer le niveau de vie des populations dans une région où le taux de pauvreté reste significatif . Comme l'indique le site officiel de l'institution, l'objectif principal est de :

Promouvoir la coopération et l’intégration dans la perspective d’une union économique de l’Afrique de l’Ouest, en vue d’élever le niveau de vie de ses peuples, de maintenir et d’accroitre la stabilité économique, de renforcer les relations entre les États membres et de contribuer au progrès et au développement du continent africain.

Pour atteindre ce but, la CEDEAO intervient dans de nombreux domaines d'activités :  l’agriculture et les ressources naturelles, l’industrie, les transports et les communications , l’énergie , le commerce , la finance et la fiscalité, les réformes économiques, l’éducation , la culture, la science et la technologie, la santé , le tourisme , la paix et la sécurité , le changement climatique .

Dans ce sens, elle initie et coordonne plusieurs politiques, programmes et activités qui reçoivent le soutien et l'adhésion des autorités gouvernementales de chaque État membre.

Cette vidéo donne un aperçu de la mission de la CEDEAO et de ses membres, de sa structure et de son économie : 

Une multiplication des défis politiques et militaires

Mais de multiples défis sécuritaires et politiques obligent la CEDEAO à revoir ses priorités. Ainsi, en juillet 1993, le traité initial de l'organisation est révisé et signé par tous les États membres.

De fait dès le début des années 1990, l'institution met en place un groupe capable d'intervenir et d'assurer la sécurité dans la région. Une brigade de surveillance du cessez-le-feu dénommé l’ Economic Community of West African States Cease-fire Monitoring Group (Ecomog) est ainsi créée. Grâce à cet instrument, la CEDEAO mène des interventions militaires de maintien de la paix durant la seconde guerre civile au Liberia (1999-2003), la guerre civile de la Sierra Leone (1991-2002), la guerre civile de Guinée-Bissau (1998-1999), et lors des troubles politiques au lendemain des élections où Yahya Jammeh , ancien président  (1994-2017) fait volt face et refuse de reconnaitre sa défaite face à Adama Barrow (l'actuel président) en janvier 2017 en Gambie.

Mais si la CEDEAO compte des succès dans ces opérations, elle s'attire de nombreuses critiques qui conduisent aujourd'hui à une véritable crise de légitimité.

En effet, de nombreux coups de force politiques marquent ces deux dernières décennies dans la région alors que l'institution n'est pas capable d'apporter des solutions crédibles pour endiguer ces crises. La CEDEAO affiche ainsi ses limites et faiblesses face à une série de coups de forces politiques comme celui du Togo en 2005 qui conduit Faure Gnassingbé au pouvoir ; de la Guinée avec le troisième mandat d'Alpha Condé ; de Blaise Compaoré au Burkina-Faso ou celui d'Alassane Ouattara en Côte d'Ivoire.

Dans une publication, l'Institute for security studies (ISS) évoque plus de vingt tentatives de coups d’État institutionnels entre 2002 et 2023:

L'analyse des révisions constitutionnelles en Afrique entre 2002 et 2023 met en évidence 24 tentatives de modification constitutionnelles à des fins de prolongation du pouvoir politique. Parmi ces tentatives, 19 ont été couronnées de succès. Ce qui représente une tentative par an au cours des deux dernières décennies d’existence de l’Union africaine (UA), avec un taux de réussite d’environ 78 %.

Sur les sept pays de la région, trois voient ainsi les coups d'État constitutionnels triompher: le Togo en 2002, en 2015 et en 2019; la Guinée en 2020; et la Côte d'Ivoire en 2020. De plus, cette tendance donne du crédit aux coups d’État militaires qui se multiplient en Guinée en septembre 2021, au Burkina-Faso en septembre 2022, au Mali en mai 2021, et au Niger en juillet 2023.

Crise de légitimité pour la CEDEAO?

Cette démarche de la CEDEAO qui consiste à imposer des sanctions aux régimes issus des coups d’États militaires mais à ne pas intervenir dans les cas coups d’État constitutionnels conduit aujourd'hui à sa fragilisation. Le 28 janvier 2024, le Burkina-Faso, le Mali et le Niger, tous  sous sanctions de la CEDEAO annoncent leur retrait sans délai de l'organisation régionale. Selon le communiqué, les présidents des trois pays soulignent que :

Après 49 ans d'existence, les vaillants peuples du Burkina Faso, du Mali et du Niger constatent avec beaucoup de regret, d'amertume et une grande déception que leur organisation s'est éloignée des idéaux de ses pères fondateurs et du panafricanisme.

Selon eux, la CEDEAO est sous influence des puissances étrangères et représente une menace pour ses États membres et ses populations dont elle est pourtant censée assurer la sécurité et la prospérité.

Faisant référence à la crise sécuritaire dont ils font face depuis 2013, les trois pays réunis désormais au sein de l’ Alliance des États du Sahel (AES) soulignent que la CEDEAO n'apporte aucune assistance dans leur lutte contre le terrorisme.

Lire notre cahier spécial: Sahel: la plus grande crise terroriste au monde

Pour Nathaniel Olympio , homme politique et p résident du Cercle d’Études Stratégiques sur l'Afrique de l'Ouest, la CEDEAO risque d'être confrontée à d'autres départs de pays membres si les responsables ne tiennent pas compte des problèmes inhérents à l'organisation. Sur son compte X (ex-Twitter), il écrit:

On ne peut pas limiter l’analyse de la sortie du #Burkina , du #Mali et du #Niger de la @ecowas_cedeao aux coups d’Etat intervenus dans ces pays depuis 2020. En effet, si l’on veut comprendre ce qui a progressivement conduit à cette situation extrême, et surtout si l’on a la… — Nathaniel Olympio (@nathanielolymp) January 29, 2024

Avec toutes les faiblesses qu'elle présente, l'avenir de la CEDEAO s'écrit désormais en pointillé. Reste à savoir si les dirigeants vont se réinventer pour sauver l'image de l'institution qui s'effrite d'année en année.

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